Thémis, le secret, les cages de verre et quelques dieux de l'Olympe
PROFESSION 25 mai 2018

Thémis, le secret, les cages de verre et quelques dieux de l'Olympe

Depuis quelques années, notre Profession subit à marches forcées de profondes mutations qui sont venues lourdement perturber les pratiques de notre exercice professionnel.
La Justice subit une extraordinaire pression des gouvernements successifs au nom d'une nécessaire modernisation que réclameraient les justiciables.
Le droit est partout, chacun fait du droit, chacun entend se faire justice et les réseaux sociaux permettent même de rendre la justice.

Par Br Gérard SABATER, Avocat honoraire au Barreau de Draguignan, Président d’Honneur
| Maître n°244, 2ème trimestre 2018

 

Les médias ne sont pas en reste, et désormais même les enquêtes préliminaires font l'objet de commentaires qui alimentent les gazettes et les sites d'informations en continu. La transparence impose la violation délibérée de toutes les règles du Code de procédure
pénale.

Le secret a mauvaise presse, ni le secret de l'instruction ni le secret professionnel ne résistent à cette soif de tout savoir et de tout commenter. Plus encore, dénoncer ce que l'on sait des autres est encouragé et la délation, autrement nommée, est susceptible de s'inviter dans nos lois.

Toutes les balances sont de sortie, celle de THÉMIS fait pâle figure face à JUPITER et à FACEBOOK.
Ces dernières semaines, les avocats se sont mobilisés à la lecture du dernier projet du Gouvernement sur les chantiers de la Justice. Il serait nécessaire de moderniser la « vertu », la rendre plus performante, proche des citoyens, en un mot la faire descendre de son piédestal. Trop d'hermines, trop de médailles et de lambris dorés.

Derrière cette volonté politique, un mot résume cette nouvelle réforme : la numérisation, la panacée universelle qui oblige à prendre le virage inclusif et à pratiquer cette novlangue qui se substitue à la langue de bois.

L'exemple de la suppression programmée de dizaines de juridictions est masqué par l'affirmation du maintien des « sites ». Qu'importe si ces sites deviennent des coquilles vides. L'essentiel est de proclamer que la dématérialisation de l'accès au droit permettra aux justiciables de se connecter à une borne interactive, guichet virtuel ouvert 24 h/24.

Les plateformes de service se multiplient et la profession tente de s'en féliciter. La justice, comme la santé, est confrontée à cette dématérialisation inclusive qui devrait débarrasser le juge des rencontres avec le justiciable et son avocat. Le malade doit pouvoir se soigner seul et le citoyen se faire justice sans ce filtre humain qui serait source de lenteurs et d'erreurs. [...]

 

 

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